Les reculs incluent des retards dans les interdictions de vente de nouvelles voitures thermiques et des chaudières à combustibles fossiles, deux éléments clés de la stratégie du gouvernement pour atteindre ses objectifs en matière de climat.
L'analyse de Carbon Brief montre que ces reculs créeraient un écart de plus en plus important entre les émissions du Royaume-Uni et les objectifs qu'il est censé atteindre.
Ainsi, les objectifs d'émissions de GES (gaz à effet de serre) du Royaume-Uni, ainsi que sa promesse internationale dans le cadre de l'Accord de Paris, pourraient devenir inatteignable.
Stratégie net-zéro
En mars 2023, le gouvernement a mis à jour sa stratégie net-zéro, après que la Cour Suprême ait rendu illégale la version de 2021.
Cette mise à jour avait déjà affaibli l'ambition du Royaume-Uni, selon les propres chiffres du gouvernement, et n'avait pas permis au pays d'atteindre ses objectifs.
Aujourd'hui, Mr. Sunak a mis en péril une série de politiques clés, notamment le mandat relatif aux véhicules à émissions nulles (VEN) censé favoriser la transition vers les véhicules électriques (VE) et les dates limites de vente des chaudières à combustibles fossiles, ainsi que les normes relatives à l'efficacité énergétique des habitations.
Le graphique ci-dessous montre l'évolution des émissions britanniques depuis 1990 (ligne noire).
Les objectifs climatiques du pays dans le cadre des budgets carbone quinquennaux sont indiqués en gris. Il s'agit d'objectifs intermédiaires sur la voie de l'objectif d'émissions nettes-zéro d'ici à 2050.
Les progrès réalisés en matière de réduction des émissions dans le cadre de la stratégie "zéro émission nette" de 2021, selon les chiffres du gouvernement, sont indiqués par la ligne bleu clair, et la mise à jour de mars 2023 est indiquée en bleu foncé.
La ligne rouge montre les économies d'émissions cumulées des politiques qui sont maintenant menacées par le volte-face de la politique climatique de Mr. Sunak, sur la base des estimations du gouvernement pour mars 2023.
Émissions historiques du Royaume-Uni (ligne noire) en millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (MtCO2e) ; budgets carbone quinquennaux du Royaume-Uni, en commençant par le premier de 2008 à 2012 (en gris), y compris la "marge de manœuvre" pour les émissions de l'aviation et de la navigation internationales (IAS), qui seront pleinement intégrées dans les objectifs du Royaume-Uni à partir du sixième budget carbone (2033-2038, CB6) ; les émissions attendues dans le cadre de la stratégie de réduction nette à zéro du gouvernement en 2021 (ligne bleu clair) et de sa mise à jour en mars 2023 (bleu foncé), ainsi qu'une trajectoire à partir de là jusqu'à une réduction nette à zéro d'ici 2050 ; les politiques menacées par les réductions de la politique climatique de M. Sunak (ligne rouge). Les politiques menacées par le recul de la politique climatique de Sunak (ligne rouge) : Analyse de Carbon Brief. Graphique réalisé par Simon Evans pour Carbon Brief à l'aide de Highcharts.
La plus grande réduction d'émissions menacée par les reculs de Sunak est le mandat VEN (Véhicule à émission neutre), qui met en œuvre la promesse du gouvernement d'interdire la vente de nouvelles voitures thermiques à partir de 2030.
Selon les estimations de mars du gouvernement, le mandat VEN devrait permettre d'économiser quelque 23 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (MtCO2e) par an en moyenne au cours de la sixième période du budget carbone (CB6), qui couvre la période 2033-2038.
Avec l'affaiblissement de l'interdiction pour 2030 par Mr. Sunak, ces économies sont désormais menacées. Une comptabilisation plus précise ne sera pas possible tant que le gouvernement n'aura pas publié tous les détails de ses plans.
Des objectifs hors de portée ?
L'ampleur des réductions d'émissions mises en péril par les reculs de Sunak pourrait mettre hors d’atteinte non seulement le sixième budget carbone j du Royaume-Uni (CB6 dans le graphique ci-dessus), mais aussi son engagement international dans le cadre de l'Accord de Paris (triangle noir sur la figure ci-dessus).
Bien que l’accord de Paris du Royaume-Uni - réduire les émissions de 68 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030 - ne soit pas juridiquement contraignant, il serait politiquement embarrassant pour le pays de ne pas y parvenir, en tant qu'hôte récent du sommet sur le climat (COP26) et leader supposé de l'action internationale.
En l'absence de nouvelles mesures politiques significatives pour combler les lacunes créées par les reculs de Mr. Sunak - qui n’ont pas l’air d’être à l’ordre du jour - son gouvernement dispose de deux autres options.
Premièrement, le Royaume-Uni pourrait recourir aux "flexibilités" prévues par la loi de 2008 sur le changement climatique. Celles-ci permettent au gouvernement de "reporter" les dépassements des périodes précédentes du budget carbone, afin de respecter les limites suivantes, sur le papier.
Le Royaume-Uni a ainsi largement respecté le troisième budget carbone, en grande partie grâce à l'impact de la pandémie de COVID sur les émissions de GES.
Le Comité sur le changement climatique (CCC) a fait valoir à plusieurs reprises que le gouvernement ne devrait reporter que les véritables réductions d'émissions, résultant d'une politique climatique réussie, plutôt que les réductions artificielles dues à des facteurs externes, tels que les confinements lors du Covid ou la crise financière mondiale de 2008.
Une deuxième option, plus extrême, consisterait pour le gouvernement à réviser lui-même les niveaux des budgets carbones. Toutefois, pour ce faire, il devrait suivre une procédure définie dans le cadre de la loi de 2008.
Cette procédure exigerait du gouvernement qu'il demande un avis publié au CCC sur sa proposition de modification des budgets carbone, et qu'il consulte les administrations décentralisées d'Écosse, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord.
Le gouvernement devrait également obtenir la majorité dans les deux chambres du Parlement.
Adam Bell, directeur politique de la société de conseil Stonehaven et ancien haut fonctionnaire de l'énergie, explique à Carbon Brief qu'il n'y a "pratiquement aucune chance" que cela se produise. Il déclare :
"Je dirais que les chances d'obtenir une majorité avant les prochaines élections sont pratiquement nulles. Les Lords retarderont le processus."